A qui appartient le corps humain ?

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Compte rendu de la rencontre du lundi 17 mai 2010

Thème : A qui appartient le corps humain ?

Quatorze personnes ont participé à la Rencontre.

Serge ;  Jenny ;   Christian ;  Marie-Gabrielle ;  Florence ; Dominique ;  Nathalie

Nadège ; Jacques ;  Daniel ;  Dominique ;  Jean-Christophe ;   Henk ; Astrid

Habeas corpus Act ad subjiciendum (1679)

Que tu aies ton corps pour le produire en justice

Puis-je me suicider, me prostituer, vendre ou donner mes organes, accepter d’être euthanasié, changer de sexe, pratiquer l’avortement, le contrôle des naissances ? Bref, suis-je totalement libre de profiter de l’entière propriété de mon enveloppe charnelle.

Quant est-il exactement de l’esprit, voire de l’âme… En ai-je aussi la pleine jouissance ?

Reste encore à savoir si corps et esprit sont ensemble ou séparés…  Descartes prétend que leurs essences sont séparées… Mais pour Spinoza esprit et corps, c’est la même chose vue sous deux formes différentes… Mais ce n’est pas cette question qui nous intéresse aujourd’hui… Quoique…

Libre ou pas libre ?

Lorsque Socrate a accepté de boire la ciguë, c’était aussi pour ne pas être en désaccord avec les lois de la cité…

Les Révolutionnaires de 1792 chantaient qu’un Français devait vivre et mourir pour la République.

Selon l’Eglise,  Dieu a créé l’être humain, donc cela implique que l’homme lui appartient… en quelques sortes. L’homme ne serait que le locataire de sa propre personne, cette dernière étant prise en charge, au nom de Dieu, par les ministres du culte.

La Patrie est souvent apparue comme le monstre qui mangeait ses propres enfants… toutes nations confondues… Le soldat prime sur l’individu.

Ce qui tend à prouver que la personne, le corps et l’âme, ont donc un statut.

C’est pour cela quel code civil, à coups d’actes divers (naissance, mariage, décès) donne une forme, donc des droits et des devoirs, à l’homo sapiens, afin que nul n’ignore qui il est, et à qui il a à faire.

La loi a quand même quelques avantages, ne serait-ce que celui de ne pas prendre l’Homme comme un moyen, mais toujours comme une fin… Le trafic d’êtres humain, l’esclavage, les atteintes physiques et morales, sont interdits et punissables…  « Tu ne tueras point » dit le Décalogue…

Le  consentement éclairé, le libre arbitre, la liberté de conscience, sont « en Principes » reconnus par les démocraties… Alors pourquoi une telle question ?

L’embryon n’a pas de statut… Les divers moments de développement du  fœtus sont pris en compte pour l’avortement provoqué…  A quel moment l’être humain est-il « présent » au cours de ce processus de développement ?

Les cellules  souches… la bioéthique… Bref, tout ce qui concerne ces parties d’être ou d’êtres en formation… qui « prennent corps »…  A quel instant ces parties de vie sont elles animées par l’esprit ?

L’esprit le mot est dit, puisque c’est lui qui distingue l’Homme de l’animal… Mieux encore, celui  qui n’avait pas d’âme n’était pas reconnu comme être humain, c’est le long débat de la Controverse de Valladolid.

Qu’est-ce qu’une personne ? Un masque de théâtre dit l’étymologie, en quelque sorte une représentation particulière de l’espèce humaine, avec des régimes juridiques particuliers.

Le statut est une chose, le choix en est une autre.

Lors d’un accouchement délicat, qui doit-on sauver, la mère ou l’enfant ?

La mère porteuse, est-elle réellement mère ou seulement porteuse… C’est l’objet de procès aux Etats Unis.

Si une malformation génétique apparaît au cours de la grossesse… Peut-on détruire le fœtus ?

Le mot « pouvoir » ne suffit  pas à résoudre l’équation. Les questions arrivent en avalanche : éthiques, juridiques, philosophiques, culturelles, religieuses etc.

A qui appartient le cadavre ? Le corps mort…

  • Les « chutes » de chirurgie appartiennent à l’hôpital…
  • On les conserve parfois dans des bocaux…
  • Le cadavre est mis en découpe pour les greffes d’organes…
  • La dissection ne pose plus de questions…
  • L’art fait du cadavre un « objet » d’exposition ordinaire…
  • Mais les rites funéraires font du cadavre une chose sacrée qu’il convient de traiter avec tact et respect.

Pour être un Homme il faut avoir accédé à l’Humanité… D’où l’extrême importance des rites de passage. Ce qui le distingue des autres êtres vivants.

Il apparaît que « l’usage » du corps pourrait-être appréhendé de deux façons très différentes : l’une individuelle, l’autre  sociale.

Diogène utilisait son corps pour scandaliser et choquer le passant… il était cynique… c’est-à-dire exactement à la manière de chiens.

La société policée règle précisément l’usage du corps par le citoyen… C’est une partie du code pénal (notamment les outrages publics à la pudeur) et cela au nom de la société.

Autrement dit : Ton corps t’appartient, mais il est limité par le corps des autres… et il ne doit pas être une occasion de scandale.

A quel moment  un fœtus est-il  un corps humain…

A quel moment l’euthanasie ne contrevient plus à la notion d’humain…

Entre ces deux questions, tout devient une question de limites… éthiques, sociales, juridiques, philosophiques…

Prochaine Rencontre : Lundi 27 Septembre 2010

Thème : Masculin – Féminin aujourd’hui