Les trois portes Sagesse, Force et Beauté.

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Ce travail découle d’un conte que nous avons légèrement adapté au chemin initiatique maçonnique. Il s’intitulait à l’origine, les trois portes. Nous y avons rajouté : Beauté, Force et Sagesse

(L’impétrant est un maître et il se tient sans tablier ni cordon entre les colonnes)

ORA.°. : Au comble de la désillusion, un homme, après avoir en vain emprunté avec confiance nombreux chemins, après avoir été emporté dans la tourmente, maintes fois par des discours flatteurs, se retrouve perdu à la croisée des chemins. Ses pas le mènent finalement à frapper à la porte d’un vénérable maître.

(Le M.°. de C.°. frappe plusieurs coups )

IMP.°. : « Vénérable maître, voudrais-tu bien me guider sur le chemin initiatique ? Voudrais-tu bien éclairer mon chemin ? Au carrefour de ma vie, mille routes se présentent. Toutes luisent de mille feux, mais je pressens que cette clarté n’est qu’apparence. Nombre de fois j’ai été enthousiaste sur le chemin, mais à chaque fois je me suis perdu. Aujourd’hui, je suis las de mes errances, et j’ai peur de m’engager, peur de me tromper à nouveau en choisissant un chemin plutôt qu’un autre»

V.°.M.°. : « Mes paroles ne serviraient à rien, elles s’évanouiraient, comme les traces de tes pas sur le sable. Cependant, je veux bien te donner quelques indications. L’autre soir, tes pas t’ont mené vers une grotte pour te reposer. La peur qui te paralyse aujourd’hui, ne serait-elle pas le fruit du rêve que tu as vécu dans le sommeil où tu croyais être ? N’as-tu pas eu le désagréable sentiment, que cette grotte se transformait
en cachot ?»

IMP.°. : « Comment sais-tu cela vénérable maître, lirais-tu dans
mes pensées ?»

V.°.M.°. : « Nulle magie en ces phrases, mais tout chercheur sincère qui s’engage sur un chemin initiatique, quel qu’il soit, a du en passer par là, et a du être confronté à la mort à un moment donné ou à un autre. Crois-tu que cela soit un hasard, si durant
ton cauchemar, il a fallut que tu rédiges ton testament ? Si la peur pouvait se lire sur ton regard, accrochée par les sentences écrites de toutes parts ? C’est la lumière qui a guidé tes pas jusqu’ici afin que tu te mettes en route et que tu découvres qui a été pris
d’effroi en cet instant. Qui a eu peur dans ce théâtre révélant une mort symbolique ? Cette première étape sur le chemin initiatique, les francs-maçons la nomment le cabinet de réflexion »

IMP.°. : Vénérable maître, de la réflexion, je n’ai eu le temps d’en avoir aucune car ce lieu était tellement sinistre, que je l’ai quitté en pleine obscurité.

V.°.M.°. : Assailli par la peur tu as quitté ce lieu, mais tu ne peux constamment fuir ce qui se présente à toi, chaque situation a sa raison d’être. Médite longuement sur les éléments qui constituaient ce cabinet de réflexion, car en le fuyant, tu as perdu
une occasion dans déchiffrer le sens. Chaque symbole rencontré sur cette voie délivre un indice qui permet aux plus perspicaces, de déchiffrer la création au travers d’un langage symbolique. Sur cette voie, tout est symbole.

IMP.°. : Mais j’ai déjà emprunté moult chemins qui ne mènent nulle part et parfois même, plusieurs en même temps. Pourquoi celui-ci serait-il différent ?»

V.°.M.°. : « Chaque voie a sa propre odeur, chaque chemin, sa propre couleur, et la science du peintre et du parfumeur, est de mélanger les couleurs et les senteurs. Mais si tu ne veux devenir ni l’un ni l’autre, à quoi bon mélanger sentiers et chemins ? Si tu
ne sais pas quel chemin prendre, c’est que ton regard est fasciné par l’immédiateté et qu’il ne porte pas assez loin. La franc-maçonnerie n’est qu’une voie parmi tant d’autres, mais cette voie est libre, libre de tout et de tous. Les seuls obstacles, que tu
rencontreras sur celle-ci, seront uniquement ceux que tu échafauderas toi-même par tes convoitises. Mais si tu sais rester libre, libre comme l’air, cette voie te fera assurément prendre de la hauteur »

IMP.°. : Merci vénérable maître, tes paroles m’ont grandement éclairé. Je perçois au loin une montagne, et je perçois le chemin qui en mène au sommet. Je tirerais grand avantage si j’y accédais, car de là haut j’aurai une vision exacte du monde qui  m’entoure, et je pourrais alors entreprendre.

ORA.°. : Il pensa en lui-même : « Comment n’ai-je pu avoir moi-même cette idée qui est pourtant fort simple »

V.°.M.°. : Et bien va, puisque tu es enthousiaste et que tu n’es plus paralysé par la peur. Mais saches que, peu importe la route, peu importe le chemin, peu importe le sentier que tu choisiras, tu trouveras en eux, comme sur chaque autre, trois portes. Lis les
préceptes indiqués sur chacune d’entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t’en dire d’avantage. Tu dois éprouver tout cela dans ton coeur et dans ta chair. Va maintenant. Avance sur le chemin choisi, mais soit attentif, à tous les choix que tu formules.

(Le maître fait le tour du pavé mosaïque et se place devant le pilier BEAUTE, l’orient est à sa droite)

ORA.°. : L’impétrant, s’engagea rapidement avec enthousiasme sur ce nouveau chemin. Marchant d’un pied ferme et sans se laisser distraire, il se trouva bientôt dans son ascension, face à une grande porte qui lui barrait le chemin. Cette première porte
se nommait : « Beauté » et sur celle-ci il pouvait lire: « Change le monde »

(Pause)

IMP.°. : « Change le monde ! C’était bien là mon intention, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d’autres ne me conviennent assurément pas ».

(Le M.°. de C.°. frappe un coup)

(Le maître fait un pas et se place derrière le pilier BEAUTE. Il revêt alors le tablier d’apprenti, fait le tour du pavé mosaïque et s’arrête entre les colonnes)

2nd SUR.°. : En franchissant cette première porte, il se fit apprenti et en revêtant le tablier, il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du coeur. Il réussit à changer certaines choses, mais beaucoup d’autres lui résistèrent. Bien des années passèrent. Un jour sur son chemin, il rencontra de nouveau le vénérable
maître qui lui demanda :

V.°.M.°. : « Homme, qu’as-tu appris sur le chemin? »

(Le maître est entre les colonnes)

APP.°. : « Vénérable maître, l’homme que j’étais n’est plus, en revêtant le tablier, apprenti je suis devenu. Vénérable maître, j’ai appris à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas »

V.°.M.°. : « C’est bien. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise ou à ta raison. Mets toi à l’abri sous l’arbre qui t’enlace de ses branches, mais ne t’obstine en aucune manière à vouloir arrêter ou accélérer la course du soleil, tu ne le peux en aucune façon. Le poisson est dans la rivière et l’oiseau est dans le ciel, penses-tu pouvoir inverser les choses ? Va, il te reste encore beaucoup de chemin à parcourir »

(Le maître fait le tour du pavé mosaïque et se place devant le pilier FORCE, l’orient est en face de lui)

2nd SUR.°. : L’apprenti continua sa route, agissant lorsqu’il le pouvait et en acceptant sans culpabilité aucune le fait que, sur certaines choses, il ne puisse rien. Après bien des années de luttes et de frustrations, il se retrouva face à une seconde grande porte qui, comme la première, lui barrait le chemin. Cette deuxième porte se nommait : Force et sur celle-ci, il pouvait lire: « nul n’entre ici, s’il n’est compagnon et géomètre » et en dessous en gros caractères, il était inscrit : « Change les autres » L’apprenti baissa la bavette de son tablier et se fit compagnon.

(Le maître est devant le pilier FORCE, il baisse la bavette de son tablier et prend le bâton de marche)

COM.°. : « Change les autres !… C’était bien là mon intention. Les autres sont source de plaisir, source de joie et de satisfaction, mais aussi, source de douleur, d’amertume et de frustration. Certes, j’ai de multiple défauts, mais les autres en ont bien d’avantage et ils feraient bien de se corriger s’ils ne souhaitent que je les corrige ».

(Le M.°. de C.°. frappe un coup, le maître passe le pilier FORCE en faisant le tour du
Temple et en simulant, agresse les FF.°. et SS.°. sur les colonnes avec son bâton, il extirpe avec sa main les mauvaises pensées, et puis se replace entre les colonnes)

1er SUR.°. : Armé de son bâton, il franchit la porte et reprit son chemin. Le sentier se faisant plus escarpé, il s’aida du bâton de marche. Il s’insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leurs
caractères et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Après bien des années de combat sans gloire, alors qu’il méditait sur l’utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa de nouveau sur le sentier le vénérable maître qui lui
demanda:

(Le maître est entre les colonnes)

V.°.M.°. : « Apprenti, toutes ces années ont-elles étaient mise à profit ? Es-tu devenu plus judicieux dans tes choix ? Qu’as-tu appris sur le chemin? »

COM.°. : « Vénérable maître la bavette de mon tablier atteste, qu’apprenti je ne suis plus, compagnon je suis devenu. Vénérable maître, mon compagnonnage se poursuit, mais j’ai d’ores et déjà appris que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes
joies et de mes peines, la source de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses »

V.°.M.°. : « Tu as raison, par ce qu’ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Sois reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi, envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux, la
vie t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir. Va, ton voyage n’est pas encore fini, il te reste encore beaucoup de choses à apprendre »

(Le maître fait le tour du Temple et se place devant le pilier SAGESSE. Il est dos à l’orient)

1er SUR.°. : Le compagnon continua sa route en essayant de discerner dans le reflet du miroir que sont les autres, ce qui en lui est profondément caché. S’étant persuadé que le hasard n’existe pas, il essayait de tirer profit de chaque rencontre. Peu après, il
arriva devant la troisième et grande porte qui se nommait : Sagesse et où figuraient ces mots : « nulle n’entre ici, seulement géomètre et s’il n’est maître » et en dessous en gros caractères, il était inscrit : « Change-toi toi-même » le compagnon déposa son bâton et son tablier et en revêtit, celui de maître.

(Le maître enlève son tablier de compagnon et revêt le tablier et cordon de maître)

M.°. : « Change-toi toi-même !… Si je suis moi-même la cause de tous mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire »

(Le M.°. de C.°. frappe un coup, le maître passe le pilier SAGESSE et fait le tour du
Temple. Il se tient de temps en temps la tête à deux mains et vient se placer au devant du 1er SUR.°. , dos à l’orient)

ORA.°. : Il franchit la porte et entama son troisième combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal. Après bien
des années de ce combat où il connut quelques succès mais aussi, des échecs et des résistances, il rencontra le vénérable maître qui lui demanda :

V.°.M.°. : « Compagnon, tes choix se sont-ils affinés ? Ont-ils eu raison dans les épreuves endurées ? Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

M.°. : « Vénérable maître, mon compagnonnage s’est achevé et la maîtrise, j’ai atteint. Mon tablier et mon cordon sont là pour en attester. Vénérable maître, j’ai appris qu’il y a en nous des choses qu’on peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive
pas à briser »

V.°.M.°. : « C’est bien »

M.°. : Oui, c’est bien peut être, mais je commence à être las de me battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il donc jamais ? Quand trouverai-je le repos ? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher
prise »

V.°.M.°. : « Lâcher prise ! C’est justement par là que commence le réel apprentissage. Lorsque l’on se rend compte, que l’on n’obtient rien de durable par le combat. Que les luttes, quelles qu’elles soient, sont vaines à t’apporter durablement la joie. »

M.°. : « Vénérable maître, tu me parles d’apprentissage, alors que le mien est déjà loin derrière moi. Que devrais-je apprendre de plus que la maîtrise ne m’a enseigné déjà ? Que pourrai-je bien apprendre en ce lieu, alors que je suis arrivé au sommet et que je
me trouve au dessus des nuages ? Tu m’as demandé de m’élever, mais je suis arrivé si haut, que je ne distingue plus ni le chemin emprunté, ni le monde qui m’entoure ! Ce lieu est triste, il n’y a pas une seule fleur. Pas un seul arbre où mon regard puisse se
poser ! Le vent n’a de cesse de souffler et j’ai froid »

(Le bruit du vent. Le maître regarde au fur et à mesure son tablier et son cordon. Tout ce dialogue il le fait dos à l’orient)

V.°.M.°. : « Maître, puisque ton tablier en atteste, la splendeur des broderies sur celui-ci ne suffit-elle pas à ravir ton regard ? Le format imposant de ce tablier ne te protège t-il pas du froid ? Ton cordon en satin ne t’aide t-il pas à maîtriser les éléments, ou
bien ne masque t-il uniquement que le nombril ? Mon frère, tu expérimentes bien malgré toi aujourd’hui, dans le froid et l’incompréhension, le fait que le tablier ne fasse pas le maître. Que les distinctions humaines ne sont que des complaisances qui
ne te servent à rien, lorsque tu as peur et lorsque tu as froid. M.°. : « Tout ce labeur et toutes ces années n’auraient-ils servi à rien ? Aurais-je perdu tout ce temps alors que je suis maintenant fatigué et las »

V.°.M.°. : « Tu écoutes, mais tu n’entends pas. Tu regardes, mais tu ne vois pas. T’ai-je suggéré une seule fois de gravir la montagne ? Non, c’est toi qui l’as supposé. Je t’ai simplement dit que la voie te ferait prendre de la hauteur. Je t’ai dit également, que le chemin importait peu, car tu trouverais en chacun d’eux, les trois portes. C’est toi qui as choisi ce chemin là. Tu pensais peut-être que le grand architecte de l’univers était assis sur un nuage, et qu’en te rapprochant du sommet, tu t’en rapprocherais. Mais comment pourrais-tu comprendre la vie, si tu fuis le monde ? Comment pourrais-tu apprécier la beauté de la montagne dans toutes ses nuances, si tu n’entrevois dans celle-ci que le sommet ? Pas étonnant ensuite que tu le trouves désert et glacial. Mais c’est peut-être parce qu’il n’est pas fait pour toi. Qu’il n’est que l’habitat du vent qui souffle et des nuages »

M.°. : « Pourquoi m’as-tu laissé faire ? Le sachant par avance, ne pouvais-tu pas m’en empêcher ? Ne pouvais-tu pas me mettre en garde ?»

V.°.M.°. : « Pour que tu puisses entendre, il aurait fallut pour cela que tu sois libre, totalement libre. Libre de toutes tes idées préconçues et certitudes en tous genres. Si j’avais formulé la moindre critique à ton égard, ton coeur m’aurait-il écouté ou bien
m’aurais-tu présenté ton insolence ? Si je t’avais décrit ce que tu découvrirais au bout du chemin, l’aurais-tu emprunté, ou bien, serais-tu toujours paralysé par l’excuse et par l’arrogance ? Ne t’avais-je pas dis que les seuls obstacles rencontrés ne seraient
uniquement ceux que tu échafauderais toi-mêmes ? Cependant, lorsque l’on est sincère et que l’on se pose, nos erreurs sont d’un grand enseignement. Retourne-toi et contemple le chemin parcouru »

(Le maître se retourne face à l’orient. Il s’approche du pilier SAGESSE)

ORA.°. : Regardant en arrière, le maître vit dans le lointain la troisième porte et il s’aperçut qu’elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait: « Accepte-toi toi-même »

(Pause)

Le maître s’étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la première fois, dans l’autre sens.

V.°.M.°. : « Lorsque l’on combat, dans la tourmente on devient aveugle. Lorsqu’enfin on se calme, nos yeux peuvent voir, nos oreilles peuvent entendre et notre coeur peut alors s’ouvrir au monde. Regarde autour de toi et médite »

(Le maître fait le tour du temple en sens inverse en scrutant méticuleusement les FF.°. et SS.°. sur les colonnes et se replace au niveau de la colonne SAGESSE face à l’orient)

ORA.°. : Il vit gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer luimême
sans plus se comparer, se juger, se blâmer. Le vénérable maître lui demanda :

V.°.M.°. : « Alors, Homme de peu de foi, cette méditation que t’a-elle apprise ? Qu’as-tu appris en rebroussant chemin ? »

(Le maître est au niveau de la colonne SAGESSE face à l’orient)

M.°. : « Vénérable maître, j’ai appris que détester ou refuser une partie de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J’ai appris à m’accepter moi-même tel que je suis, totalement, inconditionnellement »

V.°.M.°. : « C’est bien, c’est la première Sagesse. Sagesse des sagesses. Maintenant, tu peux repasser la troisième porte »

(Le M.°. de C.°. frappe un coup. Le maître passe le pilier SAGESSE et fait le tour jusqu’au pilier FORCE)

ORA.°. : Il la franchit d’un pas et se sentit plus léger. Il avait moins froid. Arrivé de l’autre côté, le maître aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et il y lut :
« Accepte les autres »

(Pause)

V.°.M.°. : « Lorsque l’on combat, on devient aveugle et tout ce qui se présente à nos yeux, est déformé par nos peurs et par nos craintes »

(Le maître fait le tour du temple en sens inverse en scrutant méticuleusement les FF.°. et SS.°. sur les colonnes et se replace au niveau de la colonne FORCE dos à l’orient)

ORA.°. : Tout autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie. Celles qu’il avait aimées comme celles qu’il avait détestées. Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et contre quoi il s’était battu. Le vénérable maître lui demanda :

V.°.M.°. : « Alors mon frère, qu’as-tu retiré de ton apprentissage ? Qu’as-tu appris sur le chemin? »

(Le maître est au niveau du pilier FORCE dos à l’orient)

M.°. : « Vénérable maître, j’ai appris qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d’eux. La frayeur qu’ils  m’inspiraient n’était que le reflet de la peur que j’avais à m’accepter moi-même. J’ai appris à accepter et à aimer les autres, totalement, inconditionnellement »

V.°.M.°. : « C’est bien. C’est la seconde Sagesse et cette sagesse est une force portée par l’amour de soi et par l’amour des autres. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte.

(Le M.°. de C.°. frappe un coup. Le maître passe le pilier FORCE et se place au pilier
BEAUTE)

1er SUR.°. : Il la franchit d’un pas et se sentit encore plus léger. Son coeur s’étant réchauffé, il n’avait plus froid. Arrivé de l’autre côté, le maître aperçut la face arrière de la première porte et il y lut :« Accepte le monde »

(Pause)

Curieux, se dit-il, que je n’ai pas vu cette inscription aussi la première fois.

V.°.M.°. : Lorsque l’on combat, on est aveugle. Comment pourrait-on entrevoir la beauté d’un arbre, si l’on ne s’intéresse qu’à ses fruits ?

(Le maître fait le tour du temple en sens inverse en scrutant méticuleusement les FF.°. et SS.°. sur les colonnes et se replace au niveau de la colonne BEAUTE, l’orient à sa
gauche)

2nd SUR.°. : Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Etait-ce le monde qui avait changé ou son regard sur celui-ci qui n’était plus le même ? Il croisa le vénérable maître qui lui demanda :

V.°.M.°. : « Alors mon frère, qu’as-tu retiré de ton compagnonnage ? Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

(Le maître est au niveau de la colonne BEAUTE, l’orient à sa gauche)

M.°. : « Vénérable maître, j’ai appris que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde lui, n’est ni triste ni gai. Il est là. Il existe, c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait, mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à l’accepter tel qu’il est sans le juger, totalement, inconditionnellement »

V.°.M.°. : « C’est bien. C’est la troisième Sagesse et cette sagesse, est pure beauté. Te voilà à présent en accord avec toi-même, en accord avec les autres et en accord avec le Monde entier » 2nd SUR.°. : Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le maître. Le Silence l’habita.

(Pause)

V.°.M.°. : « L’important, ce n’est pas ce qu’il y a au bout du chemin, c’est le chemin lui-même, qui prend toute son importance, lorsqu’on en est conscient. Ce chemin, c’est la vie, et si nombreux sont les chemins, la vie elle, reste unique. Chaque chemin est un rayon de la création qui renforce la roue cosmique. Tu es prêt maintenant à la maîtrise. Prêt à assumer tes actes et tes pensées. Prêt, à franchir le dernier seuil. Ce seuil, c’est celui du passage du silence de la plénitude, à la plénitude du silence, vénérable maître »

(Le M.°. de C.°. frappe un coup) (Le maître passe le pilier BEAUTE… Il retire son tablier et le cordon de maître)

ORA.°. : Le vénérable maître franchit la porte. Il retira son cordon et son tablier de maître. Esquissant un sourire, il aurait voulu éclater de rire, crier sa joie au monde entier, mais le silence se respecte. Aussi, ce ne sont que ses yeux qui se mirent à rire et
depuis, ils brillent de tous feux.

V.°.M.°. : « Vénérable maître, le cabinet de réflexion qui autrefois t’avait fait tant peur, n’est pas loin d’ici, aussi, je te suggère d’y retourner passer la nuit. Demain matin, tu sauras ce qui t’avait fait tant peur la dernière fois, et qui, en ces instants, t’avait pris
d’effroi.

ORA.°. : « Vénérable maître, les officiers ont dit »