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Compte rendu de la rencontre du 27 avril 2009

Thème : Rite et Magie

16 personnes étaient réunies :

Nadège ; Henk ; Christian ; Dominique* ; François ; Jean – Paul ; Bruno ; Jacques ; Serge ; Jacques ; Jenny ; Astrid ; Daniel ; Thérèse ; Gilles ; Brigitte

  • C’est étrange d’avoir choisi ce thème !
  • C’est encore plus étrange que tous et toutes l’aient accepté !

Dialogue entre un participant et le présentateur.

Présentation. Rite et Magie.

En fait personne ne semble indifférent à la magie ; mais il reste à tenter de saisir ce que chacun entend par ces mots, tant leurs définition sont multiples, confuses ou équivoques.

Le rite est synonyme de régime ; c’est l’ordre dans lequel se déroule une cérémonie… C’est une organisation codifiée regroupant gestes, signes, paroles, symboles et attitudes conventionnelles…

Le rituel par contre -conséquence du rite- comprend l’ensemble des connaissances symboliques nécessaires au déroulement de la cérémonie.

[Si le rite est « organisation», et le rituel « connaissance », cela peut alors expliquer que tout un chacun est capable de suivre un rite sans toutefois en saisir toute la signification.]

C’est une véritable gageure de tenter de définir exactement la magie. Elle repose sur l’ensemble des croyances et des pratiques qui tendent à l’appropriation et à la possession du monde, des choses et des gens afin de les régenter grâce aux puissances cachées dans la nature.

La magie englobe le rite.

Il faut distinguer la magie noire de la magie blanche, mais il ne sera question ici que de cette dernière.

Débat.

Un troisième concept est vite apparu : le « sacré », qui sera défini comme : ce qui est « intouchable », « intangible » (c’est en cela qu’il est isolé et s’oppose au profane).

Ce qui explique,  par exemple, que Jésus, après sa résurrection, apparaissant à  Marie de Magdala et cette dernière voulant l’étreindre, il lui dit : « Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père ». (St Jean Evangile 20.17).  Là très précisément le profane et le sacré sont parfaitement distingués.

Cela n’a rien à faire avec ce que l’on entend communément par magie, c’est-à-dire des exercices de « magicien » destinés à distraire ou à tromper un public amusé ou crédule.

Le vrai pratiquant de la magie n’est donc pas un faiseur de rêves, un illusionniste, mais un passeur, un intermédiaire entre ce qui est en haut et ce qui est en bas,  tel le chaman.

Il ne s’agit pas de travestir la réalité (exercice de foire) mais de s’approprier et manipuler des forces telluriques ou spirituelles.

En fait plutôt que de magie, il faudrait parler de « l’instant magique »… dont un exemple serait la « chaîne d’union ». Il est des situations propices à ce genre de recueillement et où le rite parfaitement connu de  tous, permet d’approcher du sacré, de l’indicible… Là pourrait se trouver l’essence même de la magie.

Il existe ainsi des lieux chargés d’histoire où l’on ressent comme une résonance, une vibration, mettant en rapport, et rassemblant divers états de conscience. Cette  synergie appelée parfois égrégore permet de rassembler ce qui est épars.

C’est souvent juste une impression, un fugace sentiment d’amour qui disparaît aussitôt que l’on tente de le définir.

Il serait risqué peut-être de faire ici un rapport avec les transes du chaman… Mais… Peut-être aussi n’est-ce qu’une simple question d’énergie (cosmique, naturelle, mystérieuse ?…).

Quoi qu’il en soit, le rite qui permet d’accéder à la pure magie, devient alors une pratique commune à tous les participants et, au fil des expériences, participe à l’enrichissement du rituel.

Cela étant, le sacré lié à la magie, impose une certaine croyance en des choses extraordinaires (en fait pas encore expliquées scientifiquement) accompagnée d’une crainte irrationnelle de déclancher des phénomènes inconnus. C’est pour cela que le magicien doit parfaitement posséder son savoir (rituel), et pratiquer en la forme accoutumée (rite) afin que les forces en présence soient maîtrisées, canalisées, au bénéfice de tous.

Deux témoignages.

Deux participants ont témoigné de leur propre expérience en la matière.

Il s’agit d’acte de « guérisseur » (Pour prendre un vocable connu de tous), tel que pratiqué en matière de magie dite blanche.

Il peut s’agir de toutes sortes de rémission (diminution, apaisement, disparition de douleurs ou de manifestations corporelles indésirables).

Le « guérisseur » peut se définir ainsi :

  • Il possède en lui une force souvent incoercible, qui d’une façon ou d’une autre doit se libérer.
  • Il a été mis au courant d’une manière ou d’une autre, de son « don », c’est-à-dire sa disposition à soigner.
  • Il agira toujours spontanément, comme poussé par un élan intérieur.
  • Dans son exercice il agira selon un rite très précis (gestes, mots, « prières », souffle… un ensemble de signes).
  • Il s’agit toujours de maîtriser de l’énergie (« force contre force » disent les jeteurs et leveurs de sorts du bocage de la Brenne). L’on pourrait même parler de combat, à l’issue duquel le « magicien » peut être totalement exténué.

La situation du « guérisseur » n’est pas sans rappeler la nature du véritable initié, à savoir :

  • Qu’il a besoin d’un initiateur (quelqu’un de la famille le plus souvent, mais pas toujours) qui lui dévoile son talent et lui montre le chemin.
  • Qu’il utilise des « outils » (c’est-à-dire le rite) pour accomplir ses voyages « magiques » (ici les guérisons)
  • Que les outils sont toujours symboliques (qu’il s’agisse de la procédure ou des signes utilisés).
  • Que chaque nouvelle opération (tentative de guérison) est un « voyage » duquel il ne sort pas toujours vainqueur…. Quelque chose qui ressemble à une « mise à l’épreuve ».
  • Qu’il travaille au bien de son prochain.

Sa position d’initié lui donne alors une dimension totalement différente de celle à laquelle la traditionnelle description  du « sorcier » nous a habitué.

Sans conclusion véritable.

L’on voit que le magicien, à l’aide du rite, tente de contraindre l’énergie (la force) des « choses ». S’il y parvient,  peut-il espérer connaître la vraie nature de ces « choses » ?

Le praticien de la magie n’appréhende en fait que les phénomènes, mais jamais l’essence de la « réalité », terme d’ailleurs qu’il faudrait aussi définir.

Là est peut-être l’aspect illusionniste de l’exercice magique : l’illusion qu’une parfaite maîtrise de l’opération (lorsque « ça marche ») signifierait que l’on atteint la vérité, la vraie Connaissance… La question mériterait un long débat.

Le présentateur a conclu sont exposé ainsi :

« Dans l’observance scrupuleuse du rite, les magiciens antiques et modernes se doivent d’être purs dans leur essence et dans leur esprit. La Lumière doit habiter le magicien».

C’est sûrement le plus bel hommage que l’on rend au serviteur de la magie, qui peut alors se prévaloir d’une éthique parfaite, mais qui s’oblige à un perpétuel questionnement sur son travail… Ainsi qu’il en est d’ailleurs de tout initié.

Prochaine rencontre : lundi 25 mai 2009    Thème : Les dommages collatéraux des nouvelles techniques