Rite et Magie
14 octobre 2019
Elitisme et Démocratie
15 octobre 2019

Rencontre du lundi 30 mars 2009

19 personnes étaient réunies :

Dominique ; Dominique ; Jean-Christophe ; Nathalie ; Serge ; Thérèse ; François ; Lionel ;

Daniel  ; Serge ; Florence ; Christian ; Astrid ; Jacques ; Jenny ; Henk ; Renée ;  Jean-Claude ; Nadège

Thème : Athéisme et agnosticisme.

Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ?

Friedrich Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra

Quelques définitions ont été proposées :

Athéisme : « Tout système niant l’existence de Dieu est un athéisme. L’argument essentiel de l’athéisme est l’impossibilité de prouver logiquement cette existence. L’athéisme est donc lié à une critique de la connaissance et notamment des preuves traditionnelles de l’existence de Dieu. De façon plus positive, l’athée considère la croyance à l’existence de Dieu comme essentiellement subjective et liée à des sentiments ou à des intérêts comme le besoin d’être rassuré, le désir d’une survie etc. »

Agnosticisme : Se distingue de l’athéisme en ce qu’il se refuse à toute affirmation ou négation ontologique. Sur le plan de la connaissance, on peut le concevoir comme un scepticisme à l’égard de toute opinion et de système métaphysique. C’est en ce sens que l’on entend généralement le terme.

Ontologique : Preuve classique de l’existence de Dieu. Elle consiste après avoir posé Dieu comme parfait, à soutenir que s’il lui manquait l’existence, il ne serait pas parfait, donc il existe.

C’est le fameux argument ontologique de Saint Anselme, démoli ensuite par Kant.

La question fondamentale reste : Pourquoi il y a « quelque chose » est non « rien » ?

Ce qui entraîne une seconde question : Quelle est la nature de ce « quelque chose », de cette « substance » et donc, quelle est son « essence », c’est-à-dire qu’est-ce qui la constitue et qui reste toujours identique malgré les accidents.

Ou bien l’univers suppose l’intervention d’un principe extérieur et supérieur (ici Dieu, et on parlera de transcendance),  ou bien Dieu est immanent au monde, c’est-à-dire ne faisant qu’un avec lui (Thèse de Spinoza).

Très vite le débat s’est développé selon deux axes : l’un en termes de doute et de certitude ; l’autre en opposant connaissance et croyance.

On se demandera tout d’abord si l’existence de Dieu est indispensable à l’Homme ?

Puis, si l’on fait l’impasse sur Dieu, on cherchera à savoir si l’Homme a besoin de croire en « quelque chose » pour vivre ?

Ce qui enveloppe une autre question fondamentale : Celle du doute.

Descartes affirmait avec raison qu’il ne pouvait douter qu’il doutait… c’est le célèbre  argument du « cogito »… Mais par contre, sa preuve ontologique de l’existence de Dieu laisse quelque peu à désirer :

« Et par conséquent il faut nécessairement conclure de tout ce que j’ai dit auparavant, que Dieu  existe ; car de cela même que je suis une substance, je n’aurais pas néanmoins l’idée d’une substance infinie, moi qui suis un être fini, si elle n’avait été mise en moi par quelque substance qui fût véritablement infinie » [Troisième  Méditation].

Pour dire les choses plus simplement :

Descartes affirme que bien qu’étant un homme, c’est-à-dire un être fini, c’est-à-dire imparfait ; il ne devrait pas avoir en lui l’idée de perfection… Sauf à penser que c’est Dieu être infini et parfait qui a mis ce concept en lui.

Nous voyons que la démonstration est circulaire, et ne prouve en rien l’existence de Dieu.

Les deux concepts posés au départ –  Athéisme et agnosticisme – ne suffisent pas à donner une réponse satisfaisante à ces interrogations.

En matière de Dieu, il n’y a que deux positions possibles :

  • L’hypothèse de Dieu est retenue :
    • Ou bien il est admis que Dieu existe, que cela soit prouvé ontologiquement (Saint Anselme ; Descartes) ou non prouvé mais admis sans réserve… et l’on pourra alors se définir comme « croyant ».
    • Ou bien on niera l’existence de Dieu, et l’on sera déclaré « athée ».
  • L’hypothèse de Dieu n’est pas envisagée :
    • Une telle connaissance (gnose) est impossible à atteindre. Toute métaphysique (ontologie) devient alors futile.

Mais dans ce dernier cas, la question de savoir s’il faut croire à quelque chose reste toujours aussi cruciale.

Ce qui a fait dire à certains qu’il fallait faire beaucoup d’efforts pour croire, et à d’autres, pour ne pas croire.

Un paradoxe a été évoqué ; celui des livres sacrés. Ils permettent autant au croyant qu’à l’athée de se faire une philosophie avec ou dans Dieu. Ce qui n’est guère envisageable pour l’agnostique. Il est apparu que ces lectures en réalité ne faisaient que renforcer l’opinion que chacun pouvait avoir sur Dieu et les choses sacrées. Ce qui tend à prouver que la notion de croyance ne procède pas d’une éducation particulière, mais tient sa source au plus profond de notre être.

Quelques paradoxes ont étés soulevés, ainsi : que l’athéisme était en fait une croyance ; ou que ce même athéisme était un dogme…

Ce qui a paru évident est que l’on ne pouvait vivre sans croire.

L’humanisme, c’est-à-dire la croyance en l’Homme s’est imposée comme une nécessité immédiate et forte, absolument incontournable. Cela s’appelle aussi la fraternité, qui ne résonne plus alors comme un vain mot, mais comme un engagement à vie. Il s’agit d’une « religion » qui n’a alors plus rien à faire avec Dieu.

Il s’agit juste de se mettre ou remettre en question. Réfléchir devient alors le début de la spiritualité. Le mot spiritualité a d’ailleurs ouvert un long débat sur la nature même du mot et de ses dérivés.

C’est ainsi que la notion d’âme a surgi et qu’il a été difficile de l’introduire dans le débat.

On retiendra que : l’âme est ce qui anime ; qu’elle est une étincelle ; ce qui nous dépasse ; une partie du cosmos ; qui vient de la matière ; qu’elle est liée à Dieu ; qu’elle est l’essence même de l’Homme ; un des trois termes pour définir l’homme (les deux autres étant le corps et l’esprit)…

« De la nature de l’âme », pourrait être le titre d’un de nos prochains débats tant ce vocable est chargé de sens différents, voire opposés…

L’origine de l’univers a été aussi l’objet d’une controverse :

Pour le croyant s’il y a quelque chose et non rien, c’est donc qu’à un moment donné il y a eu « création »… donc un créateur.

Cela rappelle le début la Genèse : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vague et vide, les ténèbres couvraient l’abîme, l’esprit de Die planait sur les eaux ».  Cette nécessité du créateur peut d’ailleurs être aussi un argument ontologique de la preuve de l’existence de Dieu.

L’athée objecta que le créateur n’était pas nécessaire pour la simple raison que l’univers a toujours existé et qu’il n’y a jamais eu aucun début (succession de big bangs et big crunchs)…

Et l’agnostique ne dit rien pour la raison évidente que l’on était dans l’ineffable.

Dans son dernier livre « Après la démocratie » Emmanuel Todd développe la thèse suivante : L’homme devient anxieux car Dieu a disparu de son horizon. Il désespère de n’avoir aucune opposition à combattre… car l’athée ne peut nier Dieu que si ce dernier existe… sinon la condition d’athée n’a aucun sens.

C’est une vieille histoire qui remonte à 1789… quant il fallut substituer l’Etre suprême à Dieu.

Que reste-t-il de nos connaissances et espérances ?

Il semblerait que cela soit la confiance, en soi et en autrui… c’est-à-dire de la foi en l’homme plutôt qu’en un principe incertain et jamais avéré jusqu’à ce soir… une confiance que l’on peut partager… Ce qui n’empêche pas de croire en un dieu quelconque, sans pour cela prêter une quelconque attention à une quelconque église… Ainsi le fit Voltaire toute sa vie…

Prochaines  rencontres :

Lundi 27 avril 2009      Thème : Rituel(s) et magie