L’Hypocrisie
9 septembre 2019
La Rigueur.
9 septembre 2019

Le Jugement.

Même si la notion de jugement n’est pas censée avoir lieu en franc-maçonnerie, elle existe tout de même. Comment pourrait-on la supprimer ? Le jugement est une partie intégrante de la dualité, il est le résultat de la comparaison. C’est le propre du chemin initiatique : supprimer la dualité, et de facto, les comparaisons inutiles qui obligent à émettre un jugement. Mais en attendant, nous jugeons et sommes jugés. Qui plus est, ces jugements à notre encontre créent une certaine forme d’énergie, et s’ils sont nombreux de mêmes natures, il devient difficile de s’en débarrasser.

S’il est dit qu’en franc-maçonnerie l’on ne doit juger personne, c’est parce que notre jugement est un filet. Peu importe comment sont les sœurs et frères autours de nous, ce que l’on pense d’eux les enferme. Plus on les juge, plus on les enferme et on les maintient au niveau de ce qu’on leur reproche. Tous nos faits et gestes, aussi bien que nos pensées envers eux, les maintiennent dans un jeu de rôle qu’inconsciemment on leur tisse. Ils deviennent ce que nous pensons d’eux. Alors ne vaut-il pas mieux n’en penser que du bien, même si ce n’est que d’une manière hypocrite ? Bien évidemment, dans la mesure où tout cela est fait avec bienveillance. D’autant, qu’à moins d’être transparent, on est soi-même jugé par le groupe. Alors autant que celui-ci nous juge le plus favorablement possible et s’il doit nous enfermer dans un jugement qui définit notre cage, autant que celle-ci soit dorée.

C’est ce que nous disions précédemment, le jugement tisse un filet. Chaque pensée négative à notre encontre devient un lest supplémentaire dans nos bagages qu’il nous faut porter ; alors, faisons en sorte de voyager le plus légèrement possible.

Tout cela pour dire que le franc-maçon, quel qu’il soit, mérite l’indulgence, car il n’est différent de personne et si nous sommes déçus, ce ne peut être qu’en partie notre faute, car il doit porter le lourd fardeau d’espérances que nous lui avons collé sur le dos. En outre, si nous ne revoyons pas nos ambitions à la baisse, non seulement nous souffrirons inutilement puisque nous aurons ignoré la réalité, mais qui plus est, la roue tournant inexorablement, nous devrons nous aussi à notre tour porter sur les épaules, le poids des espérances que d’autres en nous auront formulées.

Bref… nous devons être réaliste et conserver les pieds sur terre et supprimer dès le départ toutes les illusions que nous avons pu fonder sur la prétendue exemplarité que devrait avoir le franc-maçon. Comprendre le plus rapidement possible que tout ne dépend que de nous et de notre propre travail. Nous ne devons pas perdre de vue notre objectif, lui seul a de l’importance et non les insuffisances que nous pourrons relever chez les uns ou chez les autres. Néanmoins, tout doit être dit, car si les remarques que l’on pourrait faire ne sont pas exprimées, non seulement le malaise perdure mais de plus, la personne concernée n’a aucun moyen de réviser ? ni son jugement ni son comportement.

Ne dit-on pas que les non-dits sont des trahisons ?

Si le jugement ne doit pas avoir lieu, il n’empêche que nous avons tous une opinion les uns vis-à-vis des autres, et celles-ci ne sont pas toujours positives, loin s’en faut. Toutes ces opinion et remarques doivent être exprimées, mais à la personne elle-même et non pas à l’assemblée derrière son dos. Si nous sommes incapables d’adresser nos griefs directement à la personne concernée, alors autant s’abstenir. C’est aussi cela sur le chemin que d’être un guerrier, dire les choses qui ne vont pas. Pour cela il faut autant de courage que de bienveillance, mais sommes-nous des guerriers ou bien des passes-pommade.

C’est notre animal de compagnie que l’on caresse dans le sens du poil et non les FF.°. et SS.°. de l’atelier.

Si nous sommes bienveillants, toutes nos erreurs et maladresses nous seront pardonnées, non pas que les FF.°. et SS.°. soient meilleurs que nous ne le sommes, mais parce la bienveillance place le pardon à un niveau qui est accessible à tous.

J’ai dit

François LINDO-DIEZ

Janvier 6015