Le Fruit, L’arbre et le Maçon.

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LE FRUIT, L’ARBRE ET LE MAÇON.

Si l’on comparait les hommes à des fruits, on se rendrait compte qu’il y a autant de sorte de fruits sur terre qu’il y a d’hommes et qu’il existe entre eux autant de points communs. Ils sont de toutes tailles, de toutes formes, de toutes les couleurs aussi.

Les uns sont tendres et sucrés comme des pêches en plein été, les autres secs et amers comme des amandes qu’on ne souhaite manger. D’autres sont doux comme des prunes, certains piquants comme des bogues de châtaigne ou acides comme des ananas.

L’homme et a fortiori le franc-maçon, a lui aussi la faculté de mettre au jour tous ces aspects, contrairement au fruit qui lui ne peut révéler que sa réelle nature, ce pourquoi il est. Bien entendu, il y aura quelques variantes selon son état de maturité, mais en aucun cas une amande ne pourra être juteuse et sucrée, sinon ce ne serait pas une amande.

Un grand nombre de francs-maçons se considèrent être pleins de défauts et sont entrés en franc-maçonnerie pour s’améliorer et par là-même, améliorer les autres et pourquoi pas améliorer l’humanité, car s’ils se trouvent des défauts, ils considèrent néanmoins que les autres en ont bien davantage. Ayant défini au préalable les défauts qu’il souhaite supprimer ou les qualités qu’il souhaite acquérir ou augmenter, le franc-maçon tel l’ouvrier devant sa chaîne de tri, ou mieux encore, comme un professeur Tournesol apprenti, va essayer de supprimer, un peu de ceci, rajouter un peu de cela, en espérant ainsi améliorer les choses. Il pourra même, puisqu’il en a la possibilité, se faire faire un lifting ou une liposuccion. Mais enfin de compte, telle l’amande qui ne sera jamais autre chose que ce pourquoi elle est, l’homme ne pourra être autre chose que ce qu’il est.

L’homme ne peut s’améliorer qu’en surface, en s’appliquant des crèmes antirides et en se faisant tirer la peau. Comment pourrait-il aimer son voisin, il n’arrête pas de lui casser les pieds. Et ne lui demandez pas de faire un choix, car à coup sûr il pardonnera à son chien et non à son voisin.

L’homme joue son rôle dans toute sa dualité. Dans son ouvrage,   La Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes, Oswald WIRTH  écrit « Nous apparaissons sur le théâtre du monde pour y jouer un rôle déterminé. L’individu met dans son rôle toute son âme et le vit, comme si sa véritable vie se déroulait sur les planches. Rares sont les acteurs de la comédie humaine qui se rende compte qu’ils jouent et savent s’appliquer à bien jouer, sans être dupes de leur rôle. Ce sont des initiés qui ont su rompre le charme des apparences théâtrales, ils se savent déguisés selon les exigences de leur rôle et n’oublient pas ce qu’ils sont dans la réalité de la vie » et il ajoute « Quand la représentation est terminée, l’acteur quitte le masque et redevient lui-même. En quoi ce retour pourrait-il l’affecter ? Un rôle n’est pour lui qu’un incident de sa carrière et son ambition sera de tenir honorablement de multiples emplois, en jouant toujours de mieux en mieux ».

Le franc-maçon a quant à lui la possibilité de choisir entre la mort de l’acteur dans son statut d’homme et l’immortalité du scénariste, dans celui d’initié. Mais s’il choisit cette voie, qu’il sache bien que cela ne se fera pas par un simple lifting, c’est un changement complet qu’il va devoir opérer. Il va devoir tout d’abord chercher au plus profond de lui-même sa réelle identité. Comme le noyau ou la graine qui est au centre du fruit, l’apprenti aussi en cherchant trouvera en lui sa graine ou son centre. Il se rendra compte qu’il est autre chose que ce qu’il pense. En poursuivant ses réflexions, il découvrira que le fruit n’existe en fait que pour leurrer celui qui le mange et qui rejette ainsi le noyau ou la graine qu’il considère comme sans importance.

Il verra le chêne contenu dans le gland et par là même, il voudra savoir quel est l’arbre qui fait l’homme. En ôtant un à un les voiles qui obscurcissent sa conscience, il verra le fruit tombé de la branche et se remémorera le cabinet de réflexion. Il le verra se décomposer et sera enclin à une certaine tristesse, se voyant lui-même devenir engrais. Mais s’il se rappelle une des sentences du cabinet de réflexion, « Vigilance – Persévérance » et s’il arrête de s’apitoyer sur lui-même, il verra alors à l’endroit même où le fruit avait disparu, une pousse surgir de terre tel le phénix renaissant de ses cendres. Il se remémorera son entrée dans le temple par la porte basse. Il réalisera qu’enfin de compte, la grande faucheuse n’est en réalité qu’un saisonnier agricole qui ne s’intéresse qu’à sa forme.

Sa conscience croîtra alors, en remontant du fruit pour englober peu à peu la branche. Seul sur le chemin, il se rappellera de nouveau son initiation. « Madame, Monsieur, s’il vous restait quelque répugnance, quelque scrupule, vous êtes encore libre de vous retirer, mais je vous en averti, bientôt, vous ne le pourriez plus ». Ha ! Ha ! ça le fait bien rire. Comment pourrait-il rebrousser chemin, alors qu’il fait maintenant la connaissance de feuilles et d’autres fruits sur cette même branche. Et bien que tous ces fruits n’aient pas la conscience de sa présence, en trouverait-il un aujourd’hui qui aurait plus de grâce à ses yeux qu’un autre ? Souhaiterait-il l’améliorer ? Souhaiterait-il qu’il soit plus sucré ?

Non, il s’en fout royalement, car ces fruits sont le miroir de ce qu’il était auparavant, conscience d’acarien sur le dos d’autres acariens, mais il les aime, puisqu’il s’aime et les trouve ainsi tous parfaits. Ignorants certainement, mais ils sont et réalisent ce pourquoi ils sont « Un fruit sur une branche au milieu d’un verger ». L’ego réduit l’esprit à l’étroitesse, à la petitesse, obligeant ainsi à se poser continuellement la même question « Est-ce que Dieu existe ? Porte-t-il une moustache, ou porte-t-il la barbe ? S’il existe, pourquoi laisse-t-il perpétrer toutes ces atrocités ?  Etc. ».

Ce qui est amusant dans tout cela, c’est que les fruits doivent penser la même chose lorsqu’ils pensent à la grêle. Nos organes également, tel le foie qui doit crier de douleur dans sa cirrhose, « Pourquoi moi ? ». Alors que Dieu, ou ce qu’il considère être Dieu, continue d’ingurgiter le pastis à en sortir par les oreilles. Et l’initié dans tout cela ? L’initié lui, ne se pose plus ce genre de questions stériles. Il a acquis la conscience de la branche. Il devine que c’est lui qui doit changer et non les autres. Son chemin sera sans fin, car la branche dépend de l’arbre qui lui, fait partie du verger, qui lui-même trouve sa place dans plus grand que lui et ainsi de suite, sans fin. L’initié n’est pas pressé, il a l’éternité avec lui. Il glorifie le travail, car il se sait éternel apprenti et ressent une immense joie à chaque découverte. Il comprend maintenant la valeur du silence qui devient son meilleur ami. Joie bien solitaire mais avec qui pourrait-il partager ses connaissances si ce n’est avec le silence.

À moins qu’il ne rencontre un autre initié sur une autre branche, qui comme lui sera enthousiaste à l’idée de se promener dans le verger. Mais où est-il ? Il se tourne de tout côté mais il ne le voit pas. Il voit seulement l’immensité de l’arbre. Il souhaite se retourner pour voir si d’aventure il y en aurait pas un qui serait à la traîne, mais il ce dit que se serait bien la meilleure si après tout ce chemin, il était statufié en pain de sel pour avoir regretté le passé.

Si la franc-maçonnerie travaille à éveiller les consciences, beaucoup de maçons se trompent. Ils pensent qu’il n’existe rien en dehors du fruit ou en dehors de leur obédience. Ils multiplient les planches à tracer et rebâtissent ainsi sans cesse la Babel d’autrefois. Ils se tiennent pour les dépositaires du savoir des bâtisseurs de pyramides et des cathédrales, mais leurs ouvrages sont aussi petits que l’étroitesse de leur esprit. Ont-ils réellement besoin de l’équerre et du compas pour bâtir des cabanes en rondins de bois ?

Mes sœurs, mes frères, prenez tout le temps nécessaire, mais ne prenez rien pour argent comptant. La connaissance est une nourriture qui ne peut pas plaire à tout le monde de la même manière. Mettez en cause et vérifiez par vous-même chaque information, car les seules connaissances qu’il nous faut dans ce domaine, sont les connaissances par soi, pour soi, à travers soi, et là seulement les connaissances deviennent vérités, elles deviennent, notre vérité toute personnelle qui ne peut en aucun cas se partager, car la vérité s’acquiert. Il n’existe en fait qu’une seule vérité, la sienne propre.

La connaissance est au-dedans de nous-mêmes ancrée génétiquement en chaque partie de notre organisme et le plus grand travail de l’étude de soi et de maîtriser et de pénétrer ce qui constitue notre fausse personnalité. Les bouddhistes ont une maxime pour imager le fait qu’il ne faille se fier à personne, ils disent « Si sur ton chemin tu rencontre Bouddha, tue-le et va plus loin ».

Le temps lui n’a aucune importance, il n’existe que pour celui qui doit mourir. Ah, j’allais oublier. Sur la branche il y avait aussi un nid. Un nid magnifique, il m’a semblé le voir bouger, je me suis approché, mais je ne pourrais pas vous en dire davantage, car à ce moment-là, je me suis réveillé. Soyez sûrs que si je le croise à nouveau au détour d’une branche, cela fera l’objet d’une autre planche et je vous dirai ce qu’il en est.

De l’invisible je suis sorti, MALKHUT j’ai retrouvé pour pouvoir le dépasser, car YESOD m’attendait. En visitant le centre de la Terre et en rectifiant, j’ai trouvé la pierre caché, en TIPHERETH elle se trouvait. Ayant contemplé ce faux joyau avec la force de GEVURAH je m’en suis extrait et j’ai enjambé ensuite la mort pour atteindre la sagesse en CHOKHMAH. La couronne de KETER j’ai récupéré et dans l’invisible, je suis retourné.

Voilà, je vous ai fait part d’une infinitésimale partie de ma folie, qui je vous rassure, est bien plus grande.

J’ai dit

François LINDO-DIEZ

Octobre 6008