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Compte rendu de la rencontre du lundi 10 novembre 2008

Thème : Faut-il avoir peur pour devenir tolérant ? ou : La peur engendre-t-elle  la tolérance ?

14 personnes ont participé à la rencontre :

Nadège ; Dominique ; Serge ; Florence ; Dominique ; Henk ; Serge ;  Daniel ; Astrid ;  Jenny ;  Thérèse ;  François ;  Christian ;  Jacques

 

S’il fallait tolérer aux autres tout ce qu’on se permet à soi-même, la vie ne serait plus tenable.

Georges Courteline.

Pourquoi avoir associé la peur et la tolérance ?

Déjà définir la tolérance n’est pas chose aisée. Le Larousse indique : admettre à contrecoeur… supporter avec plus ou moins de patience quelque chose de désagréable…  laisser subsister ; ne pas empêcher

Il apparaît, présenté ainsi, que la négligence, la lâcheté, la paresse, et encore plus la peur, sont génératrices de tolérance. Le peu de positif qui subsisterait éventuellement dans le mot, disparaît complètement, et l’on sent bien que ce n’est pas satisfaisant, il y a sûrement quelque chose d’autre à trouver, surtout quand une institution bien connue associe le respect des autres et de soi-même et la liberté de conscience, à la tolérance mutuelle, la tolérance apparaît plutôt comme une sorte de vertu

La peur dont il est question ici (selon l’auteur de la question) serait en fait celle « de ne plus aimer », quelle que soit la raison, et ainsi seule la tolérance devrait permettre de palier ce risque En d’autres termes, l’ouverture à l’autre et l’acceptation des différences sont autant de façons de diminuer la peur du prochain et de mieux s’entendre avec lui.

Il aurait fallu trouver quelques exemples marquants, mais en vain.

Il semble que depuis la fermeture des Maisons, il n’existe plus aucune place où l’on pourrait se livrer sans retenue à la tolérance. Il y a quelques jours l’on pouvait voir à la télévision un haut lieu religieux de Jérusalem où en principe devrait régner l’amour et la raison, devenir le centre d’une bagarre générale entre les membres de deux factions orthodoxes concurrentes. Non seulement les ouailles des deux communautés s’entre-poignaient, mais les bergers reconnaissables à leur soutanes, aubes ou lévites s’agressaient les uns les autres avec force et vigueur. Dieu ne pouvant plus reconnaître les siens, c’est la police israélienne qui a coup de triques a ramené l’ordre dans le troupeau.

Le contraire de la tolérance est l’intolérance, c’est une évidence qui induit la notion de limite. Jusqu’où peut-on aller ? Existe-t-il des bornes à la tolérance ?

Autre question, la peur est-elle univoque, ou bien existe-t-il une bonne et une mauvaise peur… une peur salutaire ou une peur panique ?

La tolérance est-elle un échange, une acceptation (genre contrat) ? Une soumission ? Du laxisme ? Ou de la lâcheté ?

La peur procède-t-elle de l’instinct de survie, ou bien est-elle le fruit d’une éducation communautariste ?

Peu à peu s’est dégagé deux tendances, l’une qui prétend que la tolérance est quelque chose basée sur la réciprocité, et l’autre qui ne la conçoit qu’unilatéralement (la joue gauche après la droite).

Dans le premier cas, la tolérance qu’elle soit motivée par la peur ou tout autre sentiment, suppose que l’on reste tolérant aussi longtemps que l’autre se conduit de même. C’est une sorte de tolérance sous condition. Il reste dans ce cas, toujours une petite réserve d’agressivité, dans la mesure ou certaines limites peuvent être  outrepassées.

Reste à savoir qui définit la limite, et quid de la puissance réciproque des deux parties dans le contrat de tolérance.

Par contre une tolérance sans contre partie confinerait à la vertu, bien qu’elle ne fasse pas partie ni des vertus théologales ni des cardinales. Cette conception est au plus prés de la définition, c’est-à-dire « supporter » l’autre, quelles que soient les conséquences.

La tolérance suppose alors le dialogue, qui est aux antipodes de la peur.

Voltaire déclarait que même s’il ne partageait pas les idées d’une personne il se battrait pour que celle-ci puisse s’exprimer. Ici la raison l’emporte sur le sentiment… Ce qui n’exclut pas sournoisement une certaine idée de réciprocité.

Il a semblé que la tolérance ne peut en fait être ni le résultat d’une entente tacite, ni le produit d’une peur quelconque. Elle n’est ni une « mutualité », ni un rapport de force.

Faut-il tolérer (supporter) les femmes dans des assemblées totalement masculines ? C’est une vieille histoire qui ne cesse de poser un grand nombre de questions.

La plus prégnante peut-être reste : comment garder son identité si l’on tolère que « l’autre » vienne perturber un ordre établi ?

Que deviennent ici sentiment et raison ; peur et vertu ?…

L’on ne peut être tolérant que si l’on est fort… donc exit la peur et l’intérêt… et l’ego. Il faudrait que la tolérance confine à la compassion (bouddhiste) ou à tout simplement à l’empathie… Mais en sommes-nous capable ?

Prochaine rencontre : Lundi 15 décembre 2008

Thème : Faut-il attendre la crise pour changer ?