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Rencontre du lundi 23 février 2009

18 personnes étaient réunies :

 Bruno ; Henk ; Jean-Claude ; Laurence ; François ; Thérèse ; Félix ; Nathalie ; Nadège ; Serge ; Renée ; Serge ; Jenny ; Daniel ; Dominique; Dominique ; Christian ; Jean-Christophe

Thème : Elitisme et Démocratie

Dès le début les deux concepts ont paru comme étant soit en concordance soit en opposition. Plusieurs définitions ont été données, qui peuvent se réduire en fait à celles présentées par l’encyclopédie en ligne Wikipédia :

L’élitisme en France est l’attitude favorisant la formation d’une élite et l’accession des individus jugés comme étant les meilleurs aux postes de responsabilité (aspect positif)

C’est aussi le clivage entre une classe dirigeante et une classe dirigée, qui ne prend pas en compte les préférences d’une majorité (aspect négatif)

 Élite est un substantif de genre féminin, dérivé de l’ancien français eslite (du latin eligere qui donnera élu). Étymologiquement, le terme se rattache donc à l’idée d’élection, non au sens du suffrage mais à celui de l’approbation par autrui de la place détenue par quelqu’un dans la société. L’élite, c’est la fleur d’une société : de même que la fleur se dresse sur sa tige, l’élite entend dépasser le niveau du sol.

À l’origine, le statut d’élite n’est pas accordé par la détention du pouvoir, mais par l’autorité morale, c’est d’ailleurs pourquoi le terme est employé au singulier. Aujourd’hui il est plus courant d’évoquer les élites. Le pluriel donne une connotation négative : ce n’est plus la qualité de l’être qui est concernée, mais la domination d’une catégorie sociale sur les autres

Un cadre est ainsi posé, qui implique outre les notions d’élite et de ses dérivés,  celles de démocratie, pouvoir, responsabilité, majorité (celle du Peuple),  d’élection…

C’est là que les difficultés commencent.

L’élite apparaît ainsi comme un groupe  « à part » de la masse du Peuple. Mais cette désignation peut avoir deux origines opposées : Soit les élites elles-mêmes entretiennent l’idée d’excellence, soit au contraire, c’est le Peuple qui les désigne ainsi. La masse ayant besoin de héros, d’hommes forts, différents d’elle-même, mais en qui elle pourra se reconnaître en quelque sorte par procuration. Il s’agira du footballeur, de la star du showbiz, de certaines personnalités politiques. Ici l’élite est admirée, enviée, imitée.

Mais s’agit il exactement d’une élite ?

Il faut donc tenter une nouvelle définition qui ne repose plus sur la notion de héros, mais juger les élites en fonction de leurs actes, voire de leur utilité.

En d’autres termes, une simple oligarchie, ou technocratie républicaine (énarques) ne suffit pas. Il y aurait donc une « bonne » élite » : Martin Luther King, Nelson Mandela, Gandhi… et une « mauvaise » : les tyrans politiques qui ont conduit, ou qui continuent à mener leur propre pays à sa perte (Le président du Zimbabwe par exemple, s’il ne faut qu’en choisir un ; mais ils sont légion).

Il y aurait aussi une élite chez les voyous (les fameux « beaux mecs »)… Le mot part ainsi à la dérive.

Mais si la notion de pouvoir reste liée à celle d’élite, elle n’en constitue pas un attribut essentiel.

Qui est le meilleur ? Qui en décide ainsi ?

Mieux encore comment se « fabrique » une élite ?

  • Huxley dans « Brave New World » expliquait dans les années 30, qu’il pourrait être possible un jour de créer artificiellement des élites par le seul artifice de la génétique… Nous y sommes !…
  • L’élite se forme aussi dans les écoles.
  • Il y a des élites de droit divin, qui reçoivent leur légitimité directement de Dieu.
  • D’autres loin de s’écarter du Peuple s’efforcent de l’éclairer par le biais de l’éducation (les philosophes du siècle des Lumières).
  • Quelques artistes sont au sommet de leur art, et reconnus universellement comme les meilleurs (Michel Ange, Mozart).
  • Des intellectuels aussi se distinguent par leurs travaux (Copernic, Newton, Einstein).

Ce qui induit une autre batterie de questions :

  • Peut-on se passer des élites ?
  • L’élite est elle faillible ?
  • A-t-elle droit à l’erreur ?
  • Est-elle responsable ? (Einstein et la bombe atomique).
  • L’élite peut elle pratiquer le secret politique au nom de la raison d’Etat ?

Et quelques citations :

  • Le métier des intellectuels est de chercher la vérité au milieu de l’erreur: Romain Rolland
  • A regarder l’élite, je ne la trouve pas étonnante: Alain
  • L’élite, c’est la canaille: Henry Becque (dramaturge)
  • Ce sont ceux qui ont des manières: Tocqueville

Pour se retrouver dans tout ce qui vient d’être dit, il faut mettre en équation élitisme et démocratie, c’est ainsi que le thème à traiter a été posé, c’est ainsi qu’il faut donc le traiter, même si cela peut paraître réductif.

Cela signifie que tout élitisme ne sert à rien, n’a aucune utilité, s’il n’est rattaché au Peuple… S’il ne se développe pas au profit du Peuple.

Etre le meilleur dans sa spécialité n’a aucun sens si le but est de se complaire égoïstement dans cet état, ou pire encore, si le but visé n’intéressait qu’un petit nombre de personnes soigneusement choisies (caste, club, cercle, secte, clan, coterie, tribu, distinction, parti politique,  chapelle, camarilla…).

En fait il apparaît que le « meilleur » n’a que deux possibilités :

Soit le système fermé, c’est-à-dire qu’il choisit de s’exclure, de se séparer de la masse.

Il se veut « pur » (système utopique par excellence – Sade ; Thomas More), et ne peut survivre qu’en prédateur aux mépris et au frais de la société (Système des traders par exemple), ou sinon mourir.

Soit le système ouvert (sur l’extérieur), c’est-à-dire que le « meilleur » cherchera ce que Platon appelait « l’excellence », ou le Bien… Donc en parfaite adéquation avec le Peuple. Ce qui suppose une éducation mutuelle entre élites et le commun.

L’élite est toujours plus ou moins une partie représentative du Peuple… Représentant politique par exemple tel que décrit ainsi dans la Constitution (le Député, « les élus » en général) ; les intellectuels (Siècle des Lumières) dont l’idée était « d’éclairer » le Peuple par le biais de l’éducation (les Encyclopédistes) ; les savants (Newton ; Pasteur) travaillant au bien de tous etc…

Une image de la relation « élite / élitisme et démocratie » peut être donnée par la figure de la « Table d’Emeraude », célèbre texte alchimiste et hermétique du Moyen Âge.

Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas…

La matière qui est mise à distillation dans l’alambic produit un esprit (alcool par exemple) qui a tendance à s’évaporer comme chacun sait. L’on pourrait en rester là, c’est-à-dire préserver la conservation du fluide (l’alcool) jusqu’à complet épuisement de la matière… Et l’affaire serait rapidement dite.

Le Principe de la Table d’Emeraude se définit autrement : L’esprit (qui s’évapore) doit revenir dans la matière. Le but de l’opération est : L’esprit anime la matière ; et la matière nourrit l’esprit. C’est tout !…

L’élite c’est l’esprit, issue  de la matière, c’est-à-dire du Peuple. L’élite éclaire le Peuple, et ce dernier donne le moyen à l’élitisme de se développer.

Le lien entre les deux parties est étroit et surtout : indispensable.

L’élitisme ne consiste pas seulement en une attitude favorisant la formation d’une élite et l’accession des individus jugés comme étant les meilleurs aux postes de responsabilité (pour reprendre la définition liminaire)…

Mais surtout à faire en sorte que : « Les sages s’occupent loin d’elle [de l’opinion] à enrichir, par d’heureuses découvertes, le système des connaissances humaines ; la voix de la raison se fait entendre aux hommes éclairés ; elle instruit les enfants dont les pères l’ont méconnue, et elle assure le bonheur de la génération qui n’existe point encore ». (Réception de Condorcet – Académie française 1782).

Tout est dit…

Prochaines  rencontres :

Lundi 30 mars 2009 ; Thème : Athéisme et agnosticisme